SANTÉ MENTALE
Changer d’attitude
Par Jacques Lafleur
PSYCHOLOGUE ET FORMATEUR [crsalafleur@bell.net] [www.apprivoisersonstress.ca]
Une maxime célèbre affirme que nous ne souffrons pas tant des choses elles-mêmes que de notre façon de les considérer.
Il n’en reste pas moins que, lorsque quelque chose nous dérange, nous tournons davantage notre attention vers ce qui ne va pas que vers la perception que nous en avons. Nous essayons alors plus de régler le problème qu’à changer notre attitude. C’est, là aussi, une question d’attitude. Mais ça se change.
Une question d’habitude
On trouve des gens qui disent ne pas avoir le temps de se reposer parce qu’ils ont trop de choses à faire. D’autres, au contraire, trouvent important de se garder reposés parce qu’ils ont beaucoup à faire. Ils sont habituellement plus heureux que les premiers. Ou à tout le moins plus reposés. Question de quantité de choses à faire ou question d’attitude? Un peu des deux sans doute.
Le fait est qu’on a tendance à harmoniser nos croyances, nos émotions et nos comportements en un tout cohérent qu’on appelle attitude. Une attitude est en quelque sorte une habitude de pensée qui commande un comportement déterminé dans une situation particulière, comportement qui mène à une émotion souhaitable ou en fait disparaitre une qui serait non désirable.
En pratique, devant telle ou telle situation, on se dit que, si l’on fait ceci, il se passera cela et l’on se sentira alors bien. En fait, on n’a même pas besoin de se le dire : on obéit à une sorte d’automatisme.
C’est psychologiquement plus facile, au sens où l’on n’a pas besoin de passer sa vie à se demander qu’elle serait la bonne façon de penser ou de faire dans chacune des multiples situations que l’on rencontre au jour le jour. Mais, en conséquence, ça limite aux mêmes façons de penser ou d’agir, et ça fait ressentir les mêmes émotions dans les mêmes situations. Or, il peut être très avantageux de changer sa façon de voir, notamment quand on est colérique, anxieux, perfectionniste, susceptible et qu’on a tendance à la culpabilité, qu’on n’a pas confiance en soi, qu’on est incapable de dire non, etc.
Par exemple, il est probable que les gens colériques expliquent leurs colères par ce qui les provoque : je suis en colère parce que telle chose. Leur colère est ainsi vue comme l’effet d’une cause ce qui, d’un point de vue pratique, les condamnerait à être en colère à chaque fois que la cause sera présente. Ils pensent que c’est normal de se fâcher quand ceci ou cela se produit, comme c’est normal d’avoir les mains mouillées quand on les met dans l’eau. Comme s’ils n’avaient rien à voir là-dedans.
S’ils arrivent à penser au contraire qu’il est tout à fait possible de réagir autrement à ce qui provoque leur colère, elle leur apparait alors comme une réaction parmi d’autres, tout aussi possible. Il existe en effet d’autres façons de composer avec ce qui déclenche une colère.
C’est ce que proposent les gens qui travaillent en gestion de la colère : identifier ce qui les provoque, trouver de meilleures façons de composer avec ces sources de frustration et pratiquer de nouvelles façons de répondre. La vigilance sera de mise, car, par définition, les automatismes s’imposent facilement. Vigilance par rapport aux anciens automatismes et pratique de ce qui en deviendra tantôt un nouveau. Et patience, il y aura des moments où les anciennes façons de réagir reprendront le dessus. L’idée est de faire des progrès, non d’être parfait.
Change d’attitude
Il est possible de changer sa façon de voir les choses, d’adopter une nouvelle attitude face aux défis de la vie. En modifiant nos croyances, nos émotions et nos comportements, nous pouvons transformer notre manière de réagir aux situations stressantes. Il est important de prendre conscience de nos automatismes et de pratiquer de nouvelles façons de répondre, afin de progresser vers un bien-être mental et émotionnel. N’oublions pas que changer notre attitude peut changer notre vie.
Il est probable que demander à quelqu’un en colère de changer d’attitude risque d’augmenter sa colère. De même, demander à quelqu’un de rigide d’adopter une approche plus souple lorsqu’il est fermé à une situation risque d’accentuer sa fermeture. Parfois, l’intervention visant à modifier une attitude peut se retourner contre nous et devenir une source de frustration supplémentaire. Il est essentiel de choisir le bon moment et la bonne manière d’aborder le sujet pour obtenir l’effet désiré.
Une autre difficulté réside dans l’effet réflexif des attitudes : celles-ci se retournent parfois contre elles-mêmes, transformant les solutions en nouveaux problèmes. Lorsqu’on propose un changement d’attitude, on invite souvent à aller à l’encontre de nos réflexes habituels, suggérant ainsi que ces réflexes sont inadéquats. Les conseils bien intentionnés comme ralentir, arrêter de se sentir coupable, s’aimer davantage ou être moins anxieux peuvent sembler être des solutions à des problèmes récurrents.
Il est important de comprendre que le changement d’attitude nécessite du temps et de la patience. Les habitudes ont la vie dure, et il est courant que les personnes invitées à changer se retrouvent prises dans un cercle vicieux où elles se sentent coupables de ne pas changer suffisamment rapidement. Apprendre à s’aimer malgré ses imperfections, plutôt que de se détester pour ne pas s’aimer, est un processus complexe qui demande de la pratique et de la persévérance.
Il est crucial d’éviter de tomber dans le piège de la culpabilité réflexive, où les personnes se sentent coupables de ressentir de la culpabilité, ou du perfectionnisme excessif qui les pousse à devenir parfaitement non perfectionnistes. L’objectif est de progresser lentement mais sûrement vers l’intégration de nouvelles attitudes et réflexes, sans chercher la perfection immédiate.La psychologie reconnaît l’importance des trois composantes des attitudes et a développé des orientations et des modèles théoriques spécifiques pour chacune. Les psychothérapeutes peuvent combiner ces approches pour aider les individus. L’orientation existentielle-humaniste se concentre sur le développement personnel en explorant la dimension émotionnelle des attitudes. Les psychothérapeutes de cette orientation aident les individus à donner un sens à leurs émotions et à trouver leurs propres solutions. De même, l’orientation cognitive-comportementale se concentre sur les changements de pensée et de comportement pour améliorer le bien-être émotionnel. Ces approches sont interconnectées, et tout changement significatif dans l’une d’entre elles entraînera des ajustements dans les autres.
Dans un autre registre, certaines personnes souffrent d’une hyperresponsabilisation, où elles se sentent obligées de tout faire et vivent des émotions négatives lorsqu’elles n’y parviennent pas. Cela peut conduire à un épuisement professionnel. Pour éviter une récidive, ces individus devront réfléchir à leurs croyances, leurs émotions et leurs actions. Par exemple, en examinant leurs pensées, ils pourraient comprendre pourquoi ils se sentent obligés de travailler excessivement. En identifiant ces croyances, ils pourront mieux gérer leur sens des responsabilités et éviter le burnout.L’autorité ou le désir d’éviter de se sentir coupable sont des éléments qui peuvent influencer nos actions au travail. Il est important de se poser la question suivante : que se passerait-il si je me limitais à ce que j’ai réellement accepté de faire dans mon contrat de travail ? Souvent, on réalise que nos croyances sur les conséquences de nos actions ne sont pas fondées.
Dans ce processus, il est essentiel d’explorer nos émotions. Comment avons-nous appris à penser qu’il faut répondre à toutes les demandes avant de prendre du temps pour nous-mêmes ? En nommant nos émotions, en les ressentant et en explorant leur légitimité, nous pouvons ajuster nos comportements pour qu’ils soient plus en accord avec la réalité.
Changer nos comportements peut également être une option bénéfique. En remettant en question nos attitudes, comme le fait de penser que nous devons tout faire si personne d’autre ne le fait, nous pouvons redistribuer les responsabilités de manière plus équitable. En agissant différemment, nos pensées et nos émotions se réalignent pour former un tout cohérent.
En conclusion, il est important de comprendre que notre perception des choses peut causer plus de souffrance que les situations elles-mêmes. En remettant en question nos façons de penser, de ressentir et d’agir, nous pouvons nous libérer de schémas de pensée qui nous enferment dans des souffrances inutiles.
Trailer:
Découvrez comment remettre en question vos croyances et vos comportements au travail peut vous libérer de la culpabilité et de la souffrance inutile. Explorez vos émotions, ajustez vos actions et retrouvez l’harmonie entre vos pensées, vos émotions et vos comportements.